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Séminaire mensuel de l'ERUDITE - Jeudi 14 octobre 2021 - Anne Fournier - " Réduire l’empreinte alimentaire des villes (urban ‘foodprint’) : une analyse économique des effets de relocalisation spatiale "

Jeudi 14 octobre 2021 - 12h30 à 14h00 en hybride
Salle Keynes au 1er étage de la faculté des sciences économiques et de gestion et en ligne sur Zoom

Participer à la réunion Zoom

u-pec-fr.zoom.us/j/86379898568

ID de réunion : 863 7989 8568
Code secret : 496236

Anne Fournier (ERUDITE - Univ. Gustave Eiffel) nous présentera un article intitulé " Réduire l’empreinte alimentaire des villes (urban ‘foodprint’) : une analyse économique des effets de relocalisation spatiale ".

Résumé de l'article
L’alimentation compte parmi les trois contributeurs majeurs de l’empreinte carbone d’une ville, représentant 15% à 27% des émissions de GES liées à l’activité de son territoire (indépendamment du fait qu’elles soient générées à l’intérieur ou hors de ses limites géographiques).  Dans un contexte de croissance démographique et de tendance mondiale à l’urbanisation des territoires, la question de la durabilité des systèmes d’approvisionnement alimentaire urbain apparait ainsi comme l’un des grands enjeux dans l’élaboration de plans stratégiques d’atténuation de l’impact de l’Homme sur son environnement. Pour les pays du Nord en particulier, il s’agit désormais de réfléchir à des solutions viables permettant de répondre durablement à une demande alimentaire caractérisée par une forte concentration géographique et de nouvelles exigences sociales, sanitaires et environnementales des consommateurs.
Cet article propose une réflexion sur les conditions d’existence et de pérennisation d’une filière agricole alternative en périphérie des grandes villes, en tenant compte (i) de la sensibilité des consommateurs à la qualité des biens –la qualité étant ici reflétée par la quantité de pesticides utilisée pour produire– et (ii) d’effets externes négatifs liés à l’activité urbaine. On considère que la proximité à la ville génère des externalités de pollution et des coûts d’accès au marché (concurrence pour l’accès au foncier) pouvant nuire aux rendements agricoles et limiter le potentiel de développement d’un système d’approvisionnement alimentaire de proximité en milieu urbain.
Le modèle économique développé pour cette étude suppose que les agriculteurs ont le choix entre deux filières : l’une conventionnelle, les conduisant à produire un bien homogène en concurrence parfaite et à déléguer la distribution à un intermédiaire, l’autre de type “vente directe”, proposant des biens verticalement et horizontalement différenciés, et se livrant une concurrence monopolistique. À l’inverse des coûts d’accès au marché, la pollution décroît avec la distance au centre-ville et constitue le principal arbitrage du modèle en termes de localisation spatiale. La prise en compte de ces externalités, dont l’intensité varie dans l’espace, revient à introduire de l’hétérogénéité entre les agents : bien qu’identiques sur leurs capacités individuelles à produire, la variation à travers l’espace des coûts d’accès au marché central et de l’intensité de la pollution urbaine modifie les conditions de production en chaque point de la région, se traduisant par des distorsions de concurrence sur le marché de la vente directe, une concentration des parts de marché, et, à terme, une gamme de variétés moins fournie et de moins bonne qualité. La résolution analytique de l’équilibre de marché permet de mettre en évidence l’existence d’un arbitrage entre variété, « cherté », et qualité de chacun des biens alimentaires issus de la production périurbaine. La dérivation de l’équilibre de libre-entrée quant à elle, permet d’établir que les villes de taille intermédiaire seraient les plus en capacité à offrir un nombre important de variétés. Enfin, il ressort de la discussion sur les caractéristiques des externalités de voisinage que la variabilité spatiale de leur intensité importe bien davantage que leur simple existence.